22 novembre 1977 - Premier vol commercial Paris-New York Page 11b Le Figaro

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Moins de bruit qu'à Washington : voici pourquoi

Selon les services de l'Aviation civile américaine qui ont mesuré pendant seize mois le niveau de bruit de « Concorde » sur l'aéroport de Washington, l'avion supersonique e émis en moyenne au décollage 119,4 décibels effectivement perçus. Or, II y a un mois, à New York, à l'occasion de trois vols de reconnaissance, « Concorde » s'est maintenu, sauf une fois, en dessous de 112 décibels, limite fixée par l'autorité portuaire à tous les avions.

Comment expliquer cette apparente contradiction ?

Pour le commandant Pierre Dudal, responsable des équipages supersoniques à Air France, « la procédure antibruit destinée à protéger les communautés riveraines d'un aéroport varie avec la configuration des lieux. Et lorsque l'on examine la situation géographique de l'aéroport de Washington, force est de reconnaître que le point de mesure survolé en décollant est placé au milieu d'arbres et de verdure. En conséquence, vouloir faire le moins de bruit possible au-dessus de ce point particulier conduit, par la réduction de poussée que cela implique, à survoler les zones habitées situées plus loin à des altitudes plus faibles et donc à des niveaux de bruit supérieurs ».

Gêner le moins possible les riverains

Mais puisqu'il a été décidé de gêner le moins possible les riverains, les enregistrements, du fait qu'ils sont effectués à un endroit où l'avion a une forte poussée, laissent donc apparaître un bruit relativement élevé.

« L'aéroport Kennedy, en revanche, est situé au milieu d'agglomérations urbaines très denses » poursuit Pierre Dudal. Heureusement, il est bordé au sud-ouest par une lagune qui permet de dévier sur cette zone le trafic aérien dès que l'avion a décollé. Ainsi, la procédure sur la piste 31 L est la suivante : sitôt après avoir décollé, le pilote amorce un virage vers la gauche, dès que possible dit le règlement. Cela est valable pour tous les avions, sans exception. »

L'avantage de « Concorde » sur les avions subsoniques réside dans le fait qu'il peut virer beaucoup plus tôt et, par conséquence, survoler la lagune quelques secondes après le décollage, alors que les avions subsoniques, virant plus loin, passent alors au-dessus des zones habitées.

Au moment du passage par le travers du point de mesure et de la zone la plus sensible au bruit, explique Pierre Dudal, une réduction importante de la poussée est effectuée et l'avion s'éloigne dans ces conditions jusqu'à la côte. »

Une critique sans fondement

On a mis l'accent à cette occasion sur le danger que présente un virage effectué à basse altitude par « Concorde ». Mais, pour Pierre Dudal, cette critique est sans fondement : « Notre avion supersonique possède en effet des atouts supplémentaires par rapport aux avions classiques. Au décollage, sa faible envergure comparée à celle d'un gros porteur, par exemple, supprime les risques inhérents à une manoeuvre prématurée. De même, sa performance au décollage le place instantanément sur une pente montante importante, facteur de sécurité. Enfin, ses qualités de vol incomparables permettent un contrôle rigoureux de l'inclinaison en virage. »

Pierre Kerlouégan.


DES ENNUIS POUR L'AVION SUPERSONIQUE SOVIÉTIQUE

Les vols commerciaux hebdomadaires de l'appareil supersonique soviétique « TU-144 » sur la ligne Moscou-Alma Ata ont été annulés pour la troisième semaine consécutive. Hier, en effet, les passagers qui étaient déjà à bord de l'appareil ont été informés au dernier moment que le vol n'avait pas lieu. Il avait déjà été annulé le 9 et le 16 novembre et les autorités soviétiques n'ont donné aucune explication de ces incidents.