D'ici vingt ou trente ans, en marchant dans la rue,
lorsqu'une ombre légère fera frissonner nuages et éther,
des enfants nous diront en relevant la tête :
« Quel est donc cet oiseau qui file dans le vent, majestueux et fier ?
Pourquoi t'arrêtes-tu soudainement pour contempler son vol ?
Et quelle est cette larme qui prend sa source dans la brume de ton regard ? »
Nous leur dirons alors, en étranglant nos mots :
« Petit, il faut que tu l'apprennes,
mais il y a longtemps, quand tu n'étais pas là,
volait un oiseau blanc innocent tel l'azur
et qui allait si loin, et qui allait si vite,
qu'à ce jour aucun être ne peut rivaliser
avec ce bel exploit de réunir les Hommes
au-delà des frontières...
Ceux qui ont tenté de le protéger
pleureront toujours comme une infirmité
l'absence de ce membre qui n'est plus…mais vit encore...
Chaque jour ils relèvent la tête,
cherchant sur l'horizon
un sillage,
une empreinte,
une silhouette amie...
Et quand une ombre parcourt les nues,
lorsqu'un esquif d'argent
franchit l'étendue de nos regards,
c'est « lui » que nous voyons...
Comprends-tu, mon enfant ? »
« Vous deviez vous aimer,
pour qu'il vous manque encore...»
nous répondra l'enfant en nous prenant la main...
Anniversaire du 25 juillet 2000
23 juillet 2004
Philippe Espérandieu