Ode à l'oiseau blanc - Jacques Dulery-Reyval

Ode à l'oiseau blanc

Du plus lointain des firmaments
Seul il avait atteint les cimes
Né il y a quelques trente ans,
L'oiseau volait, toujours sublime !

On l'admirait, cabré, tout blanc,
Pour sa finesse et son allure :
Jamais l'homme depuis mille ans
N'avait réussi telle épure !

En vol, quelles qu'en fussent les phases,
C'était un archange émouvant,
Forme mythique en qui Pégase
Eut vu son maître ailé, planant !

Machine et reine de beauté,
Visage pur sans nulle ride,
Elle était bien notre fierté
Et de records toujours avide !

En majesté sur les tarmacs,
Ils fascinaient, ses décollages...
V1, V2 et les deux machs
Entre les plus lointains rivages !

Dans la lignée du vieil Icare,
Hommes et femmes tous unis
S'étaient donnés à cette histoire
Dont la gloire s'évanouit.

Des ateliers aux équipages,
Qui pourrait un jour oublier
Comment on a tourné la page
Du bel oiseau assassiné ?

Comment chanter cette épopée
Franchie à des pas de géant
Et pourquoi saccager l'odyssée
De l'oiseau-roi, de l'oiseau blanc ?

Qu'il fut honni le sabordage
Du « France » avec son Pavillon
Mais qui eut prédit le naufrage
Du plus racé de nos avions ?

Elles ne battront plus les ailes
De celui qui pour concerto
Dans l'orchestre au profond du ciel
Jouait un si divin solo ;

Et maintenant qu'il est en cage
Tel un violon muet et sans cordes,
Reste le rêve des voyages
Du temps que l'on saluait CONCORDE !

Jacques Dulery-Reyval
Membre de l'association « Promouvoir Concorde »
Peintre aéronautique