1977 - Le service Air France à bord de Concorde

Le service Air France à bord de Concorde

Document Air France


Le service d'AIR FRANCE à bord de CONCORDE est basé sur deux éléments essentiels :

Le matériel est, sur des dessins de Raymond LOEWY, l'œuvre des Sociétés :

On a dit par ailleurs de quelles ingéniosités techniques ces fabricants avaient dû faire preuve - chacun dans leur spécialité - afin de satisfaire aux exigences particulières d'Air France.

Il existe en effet sur tous les avions, en ce qui concerne le service à bord, des contraintes de charges - on peut embarquer à bord d'un B. 747 environ 17 kg de « commissariat » par passager et environ 10 kg à bord d'un Concorde - et des contraintes de temps. L'organisation d'un service à bord, compte tenu des périodes de montée et de descente, ne peut être la même s'il s'agit d'une étape de 7 ou 10 heures de vol et davantage, ou s'il s'agit d'une étape de 2 ou 3 heures.

Sur CONCORDE, les temps de vol (3 heures pour PARIS-DAKAR ou pour DAKAR-RIO - 3 h 30 pour FRANCE/USA) s'apparentent plus à des étapes de moyen-courrier qu'à des étapes de long-courriers. L'ordonnance du service s'en ressent nécessairement et la composition des menus - toujours délicate à établir dans le domaine du transport aérien - doit être prévue en conséquence.

AIR FRANCE, qui maintiendra le haut niveau de son service première classe à bord des avions subsoniques, s'est orientée, en ce qui concerne CONCORDE, vers une formule de qualité, mais qui est plus simple et plus souple et, par conséquent, susceptible de plaire et de répondre mieux aux soucis de rapidité et d'efficacité de ses passagers Concorde.

Le principe ainsi retenu est celui d'un repas « modulable », c'est-à-dire au cours duquel le passager sera servi à sa place avec un maximum de liberté dans la composition de son repas, selon une formule originale et spécifique.

Les « divertissements gastronomiques » proposés à la clientèle seront divisés en « séquences » indépendantes les unes des autres (tant du point de vue du menu que du point de vue du service) et pourront être dégustées, selon le choix du passager, séparément ou successivement et dans l'ordre qui lui plaira, de façon à constituer un repas avec un grand nombre de variétés possibles.

Les séquences seront les suivantes :

La totalité du service sera assurée au moyen de cinq dessertes mobiles, constituées en unités autonomes (une desserte par groupe de 20 passagers).

Les principales caractéristiques de ce service seront les suivantes :

Satisfaire tout le monde très vite, c'est l'objectif que s'efforce d'atteindre AIR FRANCE, toujours soucieuse du confort de ses clientèles. En imaginant ce service original à bord de CONCORDE, elle entend manifester à la fois son esprit de créativité et son respect de la grande cuisine française.

CONCORDE SUR UN PLATEAU

La construction de Concorde a exigé la mise en œuvre de toutes les connaissances scientifiques et technologiques contemporaines. L'avenir même a livré certains de ses secrets afin que cet avion exceptionnel soit, à travers le monde, comme une manifestation du futur.

Il convenait que tous les équipements de Concorde, et jusqu'aux moindres détails, soient à l'unisson de cette réussite. C'est dans cet esprit qu'Air France a souhaité la conception et la création du service de table utilisé à bord de l'appareil. Dessiné par Raymond Loewy, original mais fonctionnel, ce service représente un nouveau pas vers une esthétique simple et dépouillée. Mais cette pureté n'a été acquise qu'à force d'exigence, de rigueur et de difficultés vaincues.

Le cahier des charges d'une telle réalisation comportait des impératifs de solidité, de poids, de dimension, de prix. L'ensemble du couvert : fourchettes, couteaux, cuillères, assiettes et verres, devait y être soumis. Les difficultés qui en résultaient parurent insurmontables à beaucoup. Il fallut souvent imaginer des procédés de fabrication nouveaux, les techniques ordinaires ne parvenant pas à résoudre les problèmes posés.

Les couverts tels qu'ils étaient prévus exigeaient par exemple un travail sur métal « rond », alors qu'habituellement celui-ci se pratique sur métal « plat ».

Pour la porcelaine, l'équation esthétique-volume-poids, compliquée par les formes carrées aux angles arrondis, était également difficile à résoudre. Entre sa dimension dans le moule et sa dernière cuisson à 1 400°, la porcelaine subit en effet un retrait de près de 15%. Ce retrait provoque des déformations qui exigent de prévoir à l'avance une contre-déformation parfois très difficile à apprécier, surtout lorsqu'il s'agit d'une matière délicate qui doit rester solide, translucide et exempte de toute porosité.

Les problèmes spécifiques de la verrerie soulevaient eux-mêmes un nombre de difficultés que seul le savoir ancestral du verrier, joint aux techniques les plus avancées de l'industrie, étaient capables de surmonter.

Fidèles aux traditions des artisans d'art et mettant en œuvre des procédés de fabrication ultramodernes, trois fournisseurs français : BOUILLET BOURDELLE, pour le couvert, RAYNAUD, pour la porcelaine de Limoges, CRISTALLERIE DE SOUVIGNY, pour la verrerie, ont su allier la solidité à la légèreté et l'originalité à l'élégance.

Par une coopération ingénieuse, ils ont permis de placer le Service Air France à bord de Concorde dans la tradition de la Grande Hôtellerie française.

BOUILLET BOURDELLE

Bouillet Bourdelle, fondé à Lyon en 1896 par Henri Bouillet, élève d'Armand Caillet, s'est consacré d'abord â l'orfèvrerie de table en argent massif.

En 1919, Laurent Bouillet, fils d'Henri, s'associe au ciseleur F. Bourdelle et participe au développement considérable du métal argenté.

En 1931, tentés par les possibilités exceptionnelles de l'acier inoxydable, ils sont les premiers en France à utiliser l'acier élaboré à Ugine et laminé aux forges de Geugnon. Dès 1932, les hôtels et les restaurants sont conquis par les propriétés exceptionnelles du nouveau métal.

En 1937, un grand prix à l'Exposition Universelle sanctionne déjà la qualité de l'orfèvrerie de Bouillet Bourdelle.

Toutefois, le vrai départ est donné en 1954 avec un service de table complet de style Louis XV en acier inoxydable travaillé comme de l'argent massif.

Bouillet Bourdelle retrouve ainsi sa vocation originelle et sa place chez les Orfèvres.

En 1956, toujours en style Louis XV, un service mixte thé-café est créé à son tour. Il est particulièrement apprécié des spécialistes.

Au fil des années, Bouillet Bourdelle n'a cessé de collectionner les succès par la création de services de styles divers et son expansion exceptionnelle l'a amené, en 1969, à abandonner ses locaux trop exigus de Villeurbanne pour des installations dans l'Allier, mieux adaptées â ses besoins.

Par la fabrication qu'il a réalisée pour Concorde, Bouillet Bourdelle démontre qu'il entend être fidèle à lui-même et poursuivre sa progression dans un domaine qui est le sien, sous le double signe de la tradition et de l'innovation.

RAYNAUD de Limoges

La fabrique Raynaud, fondée à Limoges en 1856, occupe 10 000 m² en pleine ville, sur le Montjovis, point culminant de Limoges.

André Raynaud, son Président Directeur Général, descend en ligne directe de trois générations de porcelainiers.

La très grande qualité de ses porcelaines et la richesse de ses décors, règle unique de la manufacture, lui ont ouvert les portes des plus luxueux magasins du monde et assuré la clientèle de nombreux chefs d'État.

Dans sa salle d'exposition de Limoges, une « assiettothèque », riche de cinq cents modèles groupés par style, constitue un patrimoine artistique considérable où l'amateur le plus difficile finit toujours par trouver le décor de son choix.

La pate Céladon, reconstitution de la fameuse « teinte verte chinoise », est la gloire de la fabrique. Elle est vendue dans le monde entier, car Raynaud exporte plus de la moitié de sa production.

Dans le cadre de son expansion, la fabrique Raynaud, grâce à des moyens modernes de production, développe ses fournitures de porcelaine à l'hôtellerie où elle s'honore déjà de compter, parmi sa clientèle, la « Tour d'Argent », « Bocuse » et beaucoup de hauts lieux de la cuisine française.

VERRERIE ET CRISTALLERIE DE SOUVIGNY

Il faut remonter à plus de deux siècles dans le temps pour trouver mention de ce très ancien foyer verrier,

En 1759, une verrerie royale de Souvigny est citée. L'industrie du verre dépendait directement, à cette époque, de la présence sur place des éléments majeurs qui intervenaient dans sa fabrication : le charbon du Bourbonnais, le calcaire de Souvigny, le silex et les terres réfractaires des carrières environnantes, sans oublier le sable de l'Allier.

L'évolution des techniques, la sélection des matériaux rendue indispensable par la diversification des productions actuelles, font de la Verrerie et Cristallerie de Souvigny une usine moderne, qui a su parfaitement s'adapter aux impératifs des marchés, tout en gardant l'essentiel de sa tradition verrière, c'est-à-dire l'exécution manuelle savante et raffinée du verre de table.

La connaissance et le goût de leur métier ont conduit naturellement ses créateurs successifs à développer les formes les plus harmonieuses en les identifiant aux grands vins de notre terroir.

Rompue aux problèmes spécifiques du verre, la Verrerie et Cristallerie de Souvigny a été conduite à réaliser les parures des plus prestigieuses tables du monde et à étudier les projets d'équipement des grandes compagnies de transports ferroviaires, maritimes et aériens, notamment, depuis bientôt 25 ans, ceux d'Air France.

La réalisation du programme « Concorde » sur les dessins de Raymond Loewy, a posé de sérieux problèmes. Ils ont été résolus, Ainsi, la Verrerie de Souvigny est heureuse de participer à la gloire de Concorde.

ROBE « AIR FRANCE CONCORDE » CREEE PAR JEAN PATOU

AIR FRANCE a décidé de confier la conception et la création des robes portées par ses hôtesses à bord du Concorde à JEAN PATOU, dont les modèles ne pouvaient qu'ajouter en élégance et raffinement au prestige d'un événement exceptionnel. Dessinée par Angelo TARLAZZI, modéliste de JEAN PATOU, la robe d'hôtesse choisie par AIR FRANCE est réalisée dans un jersey fluide, finement rayé de bleu sur fond beige. Souple et blousante, elle sera le symbole d'une élégance toute féminine à bord du « vaisseau Concorde », et le plus charmant ambassadeur de la Couture française dans chacune de ses escales.

Créée en 1919, JEAN PATOU est restée la plus jeune des maisons traditionnelles de Haute-Couture de Paris, ceci en raison du succès remarquable remporté par ses dernières collections.

La mode JEAN PATOU est jeune et dynamique, et la fantaisie y apporte la nouveauté sur des bases classiques. Elle ne cesse d'être marquée par le « sens de l'actuel » et lorsqu'on dit « c'est du PATOU », il s 'agit toujours d'une robe bien construite, de proportions harmonieuses, surtout conçue pour la femme élégante du moment.

Chez JEAN PATOU, le modernisme est allié à une tradition de métier souvent citée en exemple pour le travail de la main-d'œuvre et la perfection des essayages.